📰 Les bonnes phrases du pape François

Disponible sur papier dans nos églises

Voyage apostolique du pape François en Belgique.

26-29 septembre 2024

Le pape François est venu chez nous comme un apôtre et un prophète. En prophète, il a dit des mots secouants, à l’image des prophètes de la Bible. En apôtre, il nous a rencontrés et instruits afin que notre intelligence et notre cœur se trouvent fortifiés. Pour que sa visite ne soit pas résumée à quelques mots incisifs, voici quelques phrases plus larges des discours du pape François, bien que l’entièreté de ses discours vaille la peine d’être lue. 

Vendredi matin, aux autorités et aux représentants de la société civile

Je suis très heureux de visiter la Belgique. Quand on pense à ce pays, on évoque à la fois quelque chose de petit et de grand, un pays occidental et en même temps central, comme s’il était le cœur battant d’un organisme gigantesque.

Les proportions et l’ordre des grandeurs sont en fait trompeurs. La Belgique n’est pas un État très étendu, mais son histoire particulière a fait que, aussitôt après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les peuples européens fatigués et épuisés, entamant un sérieux chemin de pacification, collaboration et intégration, se sont tournés vers la Belgique comme siège naturel des principales institutions européennes. (…) Elle est apparue comme un lieu idéal, presque une synthèse de l’Europe, d’où repartir pour sa reconstruction, physique, morale et spirituelle.

On pourrait dire que la Belgique est un pont (…). Un pont qui permet à la concorde de s’étendre et aux différends de s’estomper. Un pont où chacun, avec sa langue, sa mentalité et ses convictions, rencontre l’autre et choisit la parole, le dialogue et le partage comme moyens de relation. (…) La Belgique est un pont qui favorise les échanges, met en communication et fait dialoguer les civilisations. Un pont, donc, indispensable pour construire la paix et refuser la guerre.

On comprend alors combien la petite Belgique est grande ! (…)

(…) Majestés, Mesdames et Messieurs, la devise de ma visite dans votre pays est : « En route, avec Espérance ». Le fait qu’Espérance soit écrit avec une majuscule me fait réfléchir : cela me dit que cette espérance n’est pas une chose que l’on porte dans son sac à dos pendant le voyage ; non, l’espérance est un don de Dieu ; peut-être est-elle la vertu la plus humble – disait un écrivain – mais elle est celle qui qui n’échoue jamais, qui ne déçoit jamais. L’espérance est un don de Dieu et elle doit être portée dans le cœur ! C’est pourquoi je veux laisser ce vœu à vous et à tous les hommes et femmes qui vivent en Belgique : puissiez-vous toujours demander et recevoir ce don de l’Esprit Saint, l’espérance, pour marcher avec Espérance sur le chemin de la vie et de l’histoire.

Samedi matin, rencontre des acteurs pastoraux

Évangélisation

Les changements de notre époque et la crise de la foi que nous vivons en Occident nous ont poussés à revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à l’Évangile, afin que la bonne nouvelle que Jésus a apportée au monde soit à nouveau proclamée à tous, en faisant resplendir toute sa beauté. La crise – toute crise – est un temps qui nous est offert pour nous secouer, nous interroger et changer. Elle est une occasion précieuse – appelée kairòs dans le langage biblique, une occasion spéciale –, comme ce fut le cas pour Abraham, Moïse et les prophètes. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation, en effet, nous devons toujours nous demander quel message le Seigneur veut nous communiquer. Et que nous montre la crise ? Nous sommes passés d’un christianisme installé dans un cadre social accueillant à un christianisme “de minorité”, ou plutôt, de témoignage. Cela demande le courage d’une conversion ecclésiale pour initier les transformations pastorales qui touchent aussi les coutumes, les modèles, les langages de la foi, afin qu’ils soient vraiment au service de l’évangélisation. (…)

Joie

Nous ne parlons pas ici des joies liées à quelque chose de momentané (…) Il s’agit d’une joie plus grande, qui accompagne et soutient la vie même dans les moments sombres ou douloureux, et c’est un don qui vient d’en haut, de Dieu. C’est joie du cœur suscitée par l’Évangile : c’est savoir que nous ne sommes pas seuls sur le chemin et que, même dans les situations de pauvreté, de péché, d’affliction, Dieu est proche, il prend soin de nous et ne permettra pas à la mort d’avoir le dernier mot. Dieu est proche ; proximité. Bien avant de devenir Pape, Joseph Ratzinger a écrit qu’une règle du discernement est la suivante : « Là où la joie manque, là où l’humour meurt, là il n’y a même pas l’Esprit Saint […] et vice versa : la joie est un signe de la grâce »

Synode

Le processus synodal doit être un retour à l’Évangile ; il ne doit pas avoir parmi les priorités quelque réforme “à la mode”, mais il faut se demander : comment pouvons-nous faire parvenir l’Évangile dans une société qui n’écoute plus ou qui s’est éloignée de la foi ? Posons-nous tous la question.

Miséricorde

L’Évangile, accueilli et partagé, reçu et donné, nous conduit à la joie parce qu’il nous fait découvrir que Dieu est le Père de la miséricorde qui s’émeut pour nous, qui nous relève de nos chutes, qui ne retire jamais son amour pour nous. Fixons cela dans notre cœur : jamais Dieu ne retire son amour pour nous. (…) La justice de Dieu est supérieure [à la justice terrestre] : celui qui s’est trompé est appelé à réparer ses erreurs, mais pour guérir dans son cœur il a besoin de l’amour miséricordieux de Dieu. N’oubliez pas : Dieu pardonne tout, Dieu pardonne toujours. C’est par sa miséricorde que Dieu nous justifie, c’est-à-dire qu’il nous rend justes, parce qu’il nous donne un cœur nouveau, une vie nouvelle. (…) Il faut aider les personnes à se relever (…). Une seule fois dans la vie de chacun, il nous est permis de regarder quelqu’un de haut : pour l’aider à se relever. Seulement de cette manière. Souvenons-nous : nous pouvons tous faire des erreurs, mais personne n’est une erreur, personne n’est perdu pour toujours. Miséricorde, toujours, toujours miséricorde.

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Et en vous saluant, je voudrais rappeler une œuvre de Magritte, votre illustre peintre, qui s’intitule “L’acte de foi”. Elle représente une porte fermée de l’intérieur, mais qui est percée au centre, elle est ouverte sur le ciel. C’est une ouverture qui nous invite à aller au-delà, à regarder vers l’avant et vers le haut, à ne jamais nous refermer sur nous-mêmes, jamais sur nous-mêmes. C’est une image que je vous laisse comme symbole d’une Église qui ne ferme jamais ses portes — s’il vous plaît, ne fermez jamais les portes —, qui offre à tous une ouverture sur l’infini, qui sait regarder au-delà. C’est l’Église qui évangélise, vit la joie de l’Évangile, pratique la miséricorde.

Dimanche, messe au stade Roi Baudouin

Ouverture

Nous avons tous reçu, par le baptême, une mission dans l’Église. Mais il s’agit d’un don et non d’un titre dont on se vante. La Communauté des croyants n’est pas un cercle de privilégiés, elle est une famille de sauvés, et nous ne sommes pas envoyés pour porter l’Évangile au monde par nos propres mérites, mais par la grâce de Dieu, par sa miséricorde et par la confiance que, au-delà de toutes nos limites et de nos péchés, Il continue à mettre en nous avec un amour de Père, voyant en nous ce que nous-mêmes ne parvenons pas à percevoir. C’est pourquoi il nous appelle, nous envoie et nous accompagne patiemment jour après jour.

Ainsi, si nous voulons coopérer, avec un amour ouvert et bienveillant, à la libre action de l’Esprit sans être un scandale, un obstacle pour quiconque avec notre présomption et notre rigidité, nous devons accomplir notre mission avec humilité, gratitude et joie. Nous ne devons pas avoir de ressentiment, mais nous réjouir que d’autres puissent aussi faire ce que nous faisons, afin que le Royaume de Dieu grandisse et que nous nous retrouvions tous un jour réunis dans les bras du Père.

Communion

L’unique chemin de vie est celui du don, de l’amour qui unit dans le partage (…). L’égoïsme, comme tout ce qui empêche la charité, est “scandaleux” parce qu’il écrase les petits, en humiliant la dignité des personnes et en étouffant le cri des pauvres. (…) Lorsque les seuls principes de l’intérêt personnel et de la logique du marché sont mis à la base de la vie des individus et des communautés, il en résulte un monde où il n’y a plus de place pour ceux qui sont en difficulté, ni de miséricorde pour ceux qui se trompent, ni de compassion pour ceux qui souffrent et n’arrivent pas à s’en sortir. Il n’y en a pas. (…)

Avec le cœur et l’esprit, je reviens aux histoires de certains de ces “petits” que j’ai rencontrés avant-hier. Je les ai entendus, j’ai ressenti leur souffrance d’avoir été abusés et je le répète ici : il y a de la place dans l’Église pour tous, tous, tous, mais nous serons tous jugés et il n’y a pas de place pour l’abus, pas de place pour la couverture de l’abus. Le mal ne doit pas être caché : le mal doit être révélé au grand jour, il doit être connu, comme certaines personnes abusées l’ont fait, et avec courage. Que cela se sache. Et que l’abuseur soit jugé. Que l’abuseur soit jugé, laïc, prêtre ou évêque : qu’il soit jugé.

Témoignage

Nous pouvons nous inspirer de la vie de l’œuvre d’Anne de Jésus, Anne de Lobera en ce jour de sa béatification. (…) Par leur vie simple et pauvre faite de prière, de travail et de charité, elles et ses compagnes ont su ramener beaucoup de personnes à la foi, au point que quelqu’un a désigné leur fondation dans cette ville comme un “aimant spirituel”. (…) Par son mode de vie, elle a contribué à relever l’Église à une époque de grandes difficultés.

Accueillons donc avec reconnaissance le modèle de “sainteté féminine” qu’elle nous a laissé, à la fois délicat et fort. Son témoignage, ainsi que ceux de tant de frères et sœurs qui nous ont précédés, nos amis et compagnons de route, n’est pas loin de nous : il est proche, il nous est même confié pour que nous le fassions nôtre, en renouvelant l’engagement à marcher ensemble sur les traces du Seigneur.

Merci

“Merci” à tous ceux qui ont collaboré, de diverses manières, à l’organisation de cette visite ; en particulier aux personnes âgées et aux malades qui ont offert leurs prières.
Merci à tous ! Et en avant, “en route, avec Espérance” !

Roi Baudouin

Je voudrais maintenant vous donner une nouvelle. À mon retour à Rome, je lancerai le procès de béatification du Roi Baudouin : que son exemple d’homme de foi éclaire les gouvernants. Je demande aux évêques belges de s’engager pour faire avancer cette cause.

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L’intégralité des discours du pape François lors de son voyage apostolique en Belgique se trouve sur le site web du Vatican.

Dernière mise à jour : 16/10/2024